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Le Parisien, 28 février 2004
Posté le 29 février 2004 à 22:33:35 CET par admin |
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antoine a écrit : "Le matraquage publicitaire est une illusion du moment
Bernard Pradon - un pseudonyme choisi moins pour se protéger que pour faire un clin d'oeil familial - est une des soixante-deux personnes assignées en justice par Métrobus. Cet ancien enseignant de 32 ans, détaché de l'Éducation nationale, travaille dans un grand musée parisien, où il anime des conférences. Comme 61 autres personnes, il est poursuivi pour avoir «barbouillé» des affiches publicitaires dans le métro le 7 novembre. «Le risque en valait la peine, estime Bernard. Nous allons vers une société qui produit des gens malheureux Consommer devient une fin en soi. Le matraquage publicitaire est comme une drogue, une illusion du moment.»
Trois semaines plus tard, le 28 novembre, la police circonscrit le mouvement «Un millier de policiers étaient mobilisés pour défendre des affiches. J'ai pensé : la RATP s'est vendue, et pour pas cher en plus. La pub ne représente que 2 % de ses revenus.» Comme à chaque appel, des centaines de personnes s'étaient pressées aux sept points de rendez-vous. Tous en colère contre une société qui veut tout marchander, au travers de la pub notamment. Le mouvement a tout d'une photo de famille : plusieurs générations se retrouvent malgré les différences. Étudiants, intermittents, retraités, enseignants, cadres supérieurs. En activité ou au chômage. Quatre cents personnes sont arrêtées mais les 62 poursuivies sont surtout des étudiants. «On voudrait donner une fausse image de nous, on ne s'y prendrait pas autrement», dénonce-t-il. Pas révolutionnaire, craignant les luttes de pouvoir, le conférencier ne milite pas. «Je ne veux pas renverser le système, dit ce raisonnable. Je continue à voter – à gauche. Je respecte les lois. Il m'arrive même d'écrire à mon député.» Son élan contre la publicité est la conclusion d'une longue réflexion. Il n'y a pas eu de déclic. Si ce n'est l'AGCS, l'été dernier. L'Accord général sur le commerce des services, signé en 1994 à l'Organisation mondiale du commerce, et en perpétuelle renégociation, a pour but de libéraliser les services (l'eau, l'éducation, la santé, l'énergie...). «C'est très grave, estime-t-il. Les fondements de l'humain sont remis en cause.»
L'ancien téléphage n'écoute plus que la radio. Il a été un fan du «Pop club», de José Artur jusqu'à ce que l'émission soit réalisée au nouveau Drugstore Publicis. Il est allé voir le lieu et n'a pas aimé : «Je trouve ça indécent quand l'extrême richesse se pavane.» Il ne se joindra pas à l'appel de ce soir : «Maintenant que nous sommes 62 personnes mises en cause, je considère que mon geste porterait tort à tout le monde. Quand cette affaire sera finie, je serai à nouveau seul responsable de mes actes.»Julie Cloris"
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