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Introduction |
Historique du mouvement |
Pourquoi un tel rapport de force |
Soutiens
Une vague de désobéissance civile touche Paris depuis Octobre 2003 et s'est
étendue aux principales villes de France. Un appel public a été relayé sur
le site STOPUB et différents médias pour s'attaquer à la publicité
(stopub.ouvaton.org dans un premier temps puis www.stopub.tk).
Principe : recouvrir les affiches, faire une croix
noire, s'exprimer... La cible est la publicité et uniquement la publicité
(le mobilier est épargné et la propreté est de mise).
Carburant de la marchandisation du monde, syndrome de l'AGCS (accord sur la
libéralisation des services publics), privatisation de l'espace public,
envahissement et intrusion, méthodes malsaines, négation des problèmes
environnementaux, pulsions animales exploitées et générées, culte de
l'apparence et de l'égoïsme, etc... : les griefs sont innombrables... L'«
appel au recouvrement publicitaire » procède d'une logique
interprofessionnelle et de convergence des luttes.
Dans un cadre de non-violence et d'action joyeuse et assumée, des personnes
sont venues spontanément de tout horizon : précaires, intermittents,
étudiants, antipub, professions de la fonction publique, notamment menacées
par les privatisations à venir et les réductions budgétaires drastiques, ou
encore des citoyens concernés tout simplement.
17 octobre 2003 : 300 personnes se présentent aux 7 lieux de rendez vous
proposés à Paris, tandis que Marseille et Bruxelles mobilisent déjà quelques
dizaines de personnes. Les publicités 4x3 (4 mètres sur trois mètres) du
métro parisien sont « couvertes » sur la quasi-totalité des lignes.
L'opération est un succès pour les trois villes : s'ensuit une marge
médiatisation. Les publicitaires s'inquiètent et METROBUS, la régie
publicitaire de la RATP porte plainte contre X, ce juste avant la seconde
action annoncée publiquement comme la première. Elle assigne notamment
l'hébergeur OUVATON, et le somme par voie d'intimidation et en dehors de
toute procédure de livrer le nom des responsables du site STOPUB, devançant
la Loi sur l'Economie Numérique encore en préparation. RESISTANCE A
L'AGRESSION PUBLICITAIRE, association légaliste, qui avait témoigné de
l'initiative de l'action de « STOPUB » (comme de nombreux médias ont pu le
faire), est également interpellée par huissier, mais sera rapidement mise
hors de cause de par son positionnement L'hébergeur coopératif Ouvaton est
enjoint lors d'une audience en référé de communiquer les informations
disponibles, lui permettant ainsi de rester dans la légalité alors que
Métrobus essayait de l'en faire sortir. Métrobus espérait ainsi décapiter le
mouvement. Il n'en sera rien.
7 Novembre 2003 : nouvelle action sur 7 rendez vous : 600 personnes
investissent le métro parisien. Plusieurs villes de France continuent
d'emboîter le pas : Nantes, Grenoble, Marseille pour les plus remarquées,
mais une dizaine de ville a rejoint l'action spontanément. Toujours dans un
cadre d'horizontalité, tant d'un point de vue de l'organisation que du
relais médiatique, la désobéissance civile suit son chemin. Les médias sont
intrigués car il n'y a pas de chef, pas de porte-parole, pas d'organisation
ni d'association, encore moins de centralisation ou de structure pyramidale.
Cela n'a rien à voir avec des commandos non plus, ceux-ci agissant au grand
jour et sans violence. En fait chaque participant, responsable de ses actes,
peut s'exprimer en son nom propre. L'opinion publique est plutôt
sympatisante, étant saturée de l'envahissement et des procédés de la
publicité. Celle-ci commence à être identifiée comme une problématique, et
les médias, partagés sur les méthodes utilisées, commencent néanmoins à
présenter la publicité comme préoccupation : un débat de société commence à
naître.
28 Novembre 2003 : 3e action. La préfécture de police mobilise les forces de
l'ordre pour protéger les intérêts de Métrobus. Des dizaines de cars de
C.R.S et les forces de l'ordre sont massivement présents sur les 7 lieux de
rendez vous parisiens. Près de 1000 personnes viendront... Les premier-e-s
arrivé-e-s se font encerclé-e-s. 276 interpellations exactement ont lieu
alors que l'action n'est pas commencée. Tous les commissariats de Paris sont
saturés, certains tournent en fourgonnette pendant plusieurs heures. Il n'y
a pas de suite (contrôle d'identité, voire déposition) : tout le monde sera
relâché sans garde à vue. En France, plus d'un quinzaine de villes ont agi :
les plus actives sont Nantes, Saint Nazaire, Rennes, Rouen, Amiens, Lille,
Lyon, Grenoble, Marseille, Pau, Montpellier, Toulouse, Nice...
19 Décembre 2003 : le rapport de force continue avec Métrobus. Malgré la
pression, Paris réussira à faire l'action en mobilisant 500 personnes pour
couvrir de textes et d'art les affiches de 4 mètres sur 3. A ce stade là,
différents groupes autonomes se sont déjà constitués et agissent en toute
indépendance. Les citoyens prennent spontanément des droits de réponse sur
ces espaces commerciaux imposés à tous. Un mouvement antipub est né...
2e quinzaine de janvier 2004 : Métrobus attaque soixante personnes au «
civil » en faisant valoir un préjudice de 980 000 euros et souhaite une
condamnation « in solidum ». Elles sont assignées à la Première Chambre de
Tribunal de Grande Instance de Paris. Utilisant la procédure « rapide », le
procès aura lieu le 10 mars 2004. Les 60 participants présumés sont censés
avoir dégradé des affiches, tandis que la personne, dont les coordonnées ont
été transmises par l'hébergeur Ouvaton, aurait mis en ligne le texte d'appel
et mis en route le premier site.
Toujours à la recherche de boucs émissaires, espérant débusquer une
organisation, Métrobus use de son puissant arsenal juridique et financier.
La régie publicitaire s'attaque à des citoyens isolés qui ont décidé d'agir
puisque les recours légaux et d'usage restent invariablement sans suite. Au
lieu de remettre en cause son artillerie publicitaire, la régie s'entête, ne
mettant en avant que ses éventuels dommages économiques, qui restent à
démontrer. Il est vrai que le marché de la publicité était déjà effondré en
2003, et que les usagers du métro tentent autant qu'ils peuvent de faire
abstraction du matraquage publicitaire. Aujourd'hui, des centaines de
personnes se sont investies, faisant le choix de se mettre délibérément en
porte-à-faux avec la légalité. En essayant de casser mécaniquement ce
mouvement spontané et non-violent, la RATP refuse de se recentrer sur son
rôle de service public et Métrobus refuse de voir les véritables enjeux
démocratiques que bafoue le système publicitaire.
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