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[droit de réponse] par quelques assignés
Posté le 15 avril 2004 à 09:30:11 CEST par admin |
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Nous, petit groupe d'assigné-e-s parmi le collectif des 62, sollicitons
un droit de réponse suite à l'article de Mr Redeker paru le 11 avril
2004.
Professeur de philosophie ou allié du lobby publicitaire?
Monsieur Redeker, vous avez une lecture superficielle de ce(s)
mouvement(s), et votre analyse est plus proche d'une caricature
volontaire de certaine revue radicale. Vous « grandiloquez » sans
connaître les personnes, ni leurs propos, ni leurs propositions, ni
leurs envies ! La virulence typique d'un ordre établi qui se sent en
danger, l'intellectuel réactionnaire qui prétend être moderne,
l'orgueil blessé qui essaye de défendre l'intelligence, en se répétant
que ce n'est pas possible d'être dans l'erreur depuis si longtemps :
voici ce qui ressort de votre article, Mr Redeker . Vous vous
positionnez dans l'« extrémisme du centre » : en vous
auto-proclamant bien-pensant (par le simple accès à cette tribune) et
décrétant qui est quoi sans connaître, mettant dans un même sac
une diversité incroyable d'approches jusqu'à la caricature, usant
d'arguments fallacieux, confondant les concepts en prétendant jongler
avec.
Aussi , votre argumentaire éculé de publicitaire nous fait pouffer de
rire ! Nous serions de vilains méchants qui voulons un monde sans joie
et sans couleur. Savez vous que plusieurs dizaines d'antipubs
sont des artistes qui, entre autres, recouvrent ces pubs par de
véritables couleurs créatives et ludiques (peintures, habillages), que
parmi les revendications de certain-e-s d'entre nous, figurent
l'obtention d'espaces d'expression non marchands pour tous, par tous
(et non des « opérations de com » organisées le temps d'un procès par
la RATP). N'avez vous jamais imaginé que l'expression pouvait être
d'ordre picturale, poétique, philosophique, culturelle, associative,
végétale, humoristique, politique, artistique, etc, le tout dans un
cadre esthétique et sans être réservé à un caste de nantis ou
d'artistes choisis par les bonnes relations politiques locales ?
Votre liant universel serait la consommation. Quel drôle d'idéal !
Vivre tous ses instants dans la consommation, y concrétiser son désir,
y trouver ses preuves d'amour, se conformer aux marques pour être
unique : cela fait frémir d'horreur!
Dans votre analyse de religion, vous êtes presque dans le vrai : la
consommation est la nouvelle icône. Vous oubliez simplement d'y joindre
la science toute puissante, celle qui résoudra les problèmes qu'elle
fait naître aujourd'hui ! Et ne nous faites pas dire ce que nous
n'avons jamais dit : nous ne sommes pas des ruraux moyen-âgeux qui
rejetons tout progrès. Nous souhaitons que la technique soit au service
de tous, et non une source de rentabilité, que le progrès soit partagé,
non pas dans un slogan, mais concrètement avec les autres peuples du
monde, pour que chacun s'émancipe et résolve ses problématiques
respectives. Nous en avons largement les capacités techniques, mais le
systèmes actuel est dans une logique de rétention d'information, afin
de pouvoir la monnayer. Aussi, nous sommes pour une société d'échange !
Nous ne sommes pas pour un monde austère et gris : au contraire, nous
voulons de la joie, de l'amour, qui n'ait pas pour goulot
d'étranglement une consommation fatidique. Nous voulons faire l'amour,
pas les magasins, et prendre le temps de vivre, de se parler, de
partager, de se connaître, et sortir de nos rôles ! Nous voulons des
corps, mais dans toutes leurs diversités, avec leur défauts, avec leur
vieillesse, et non pas des standards formatés qui font fantasmer et
donnent des complexes ! Un corps, c'est beau, surtout quand il n'est
pas là pour vendre quelque chose, surtout quand il n'est pas découplé
des émotions, de la sensibilité ! Nous ne sommes pas prudes (plutôt
libertaires pour nombre d'entre nous), mais nous revendiquons le droit
à l'intimité. Ou alors pourquoi parler d'atteinte aux bonnes mours si
on se met nu dans la rue : nous ne voulons pas d'une société
schizophrène ! Nous voulons du vrai, du vécu, du beau ! Pas du factice,
pas du maquillé, pas de la fuite en avant !
Nous ne voulons pas de morale, et pas plus de la morale commerciale et
publicitaire qui est normative au possible, qui dit que pour exister,
pour se réaliser, pour s'amuser, pour ne pas être rejeté-e, pour en
mettre plein la vue, il faut consommer.
Nous sommes pour le droit à une information commerciale équitable et à
un accès facile, mais non-imposé à une information transparente, pour
satisfaire nos besoins réels (y compris épanouissants !)
Les alternatives existent, monsieur le visionnaire, en terme
d'informations commerciales. Le système actuel ne permet pas aux «
petits » d'exister au milieu de ces matraquages. Une entreprise sans
déontologie peut faire une campagne des plus séduisantes et passer
ainsi sous silence l'ensemble de ses pratiques. Les barrières
financières d'accès aux différents médias sont déjà une source de
ségrégation qui permet aux « gros » de consolider leur forteresse, et
d'écraser à terme ceux qui ne peuvent pas rivaliser financièrement. Ni
transparence, ni démocratie, c'est le système impitoyable qui permet de
noyer les consommateurs dans un déluge incessant de mensonges bien
enrobés. Pourquoi ne pas permettre aux petits de s'exprimer, de faire
des annuaires (beaucoup plus élaborés, par thématique, par localisation
géographique, et y compris par nouveautés, innovations ou promotions),
qui permettent à chacun d'avoir des informations comparatives et
transparentes, sans qu'on les lui impose. Aujourd'hui, la publicité
détruit la diversité, pour ne laisser émerger que les plus puissants.
Il est évident que beaucoup d'entre nous sont dans une logique mesurée
et raisonnée par rapport à notre consommation, et que nous ne pouvons
pas continuer à consommer tout et n'importe quoi jour après jour,
années après années, pour le plus grand bonheur des ratios boursiers et
du PNB, alors que la planète est incapables de supporter ce rythme
d'exploitation qu'on lui inflige, que nous allons dans le mur en
continuant ainsi. D'un système publicitaire raisonné naîtrait sûrement
une consommation plus raisonnée, plus adéquate à nos besoins réels
(aussi bien utilitaires qu'épanouissants), et en même temps une
diversité salutaire... Il est vrai que ce seraient les grosses
entreprises et grosses marques, que vous défendez, qui en pâtiraient
par contre !
Votre joie de vivre consisterait donc à vivre sous un matraquage
permanent, celui qui claironne chaque instant « obéis et consomme ».
Une société sous vidéo-surveillance, avec interdiction de répondre aux
messages insolents et irresponsables d'une poignée ploutocrate qui les
assène partout et à chaque instant : c'est votre conception de la
démocratie ? Subir un environnement uniquement d'ordre commercial en
cédant aux pulsions d'achat, ou en les refusant fièrement, en se disant
qu'on n'est pas touché par leurs messages, alors que les postures et
leurs idéologies se déversent dans le cerveau, c'est certainement une
attitude joyeuse. Nous-connaissez vous, Monsieur le fanfaron, pour
déclamer qui nous sommes ? Nous serions heureux de comparer nos temps
libres !
Votre analyse, grotesque dans l'utilisation de ses ficelles, sur ce que
n'est pas la propagande laisse rêveur ! Caricature toujours, argument
éculé de publicitaire sans imagination que de vouloir nous faire
revendiquer un monde soviétique déchu ! Oui, nous avons plus de
libertés d'expression, de réunion, d'instruction même qu'auparavant et
que dans la plupart des pays : est ce une raison pour se résigner face
à l'accélération sans précédent du libéralisme, qui distille son
idéologie de fourmilière « production et consommation ». Vive le
recyclage, vive la récup', vive l'imagination, vivent les réseaux
d'échange et de partage de savoirs, vivent le don et la gratuité !
Sortons de cette culture de facilité qu'on nous serine et qui nous
endort, où le client roi est une menace pour la planète et ses égaux !
Soyons des humains joyeux, pas des consommateurs résignés ! L'histoire
est toujours en marche, n'en déplaise aux réactionnaires !
Quelques assigné-e-s du collectif des
62
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à ce jour, ce droit de réponse n'a pas été publié par Le Monde
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