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Date: 09 mars 2004 à 10:37:05 CET
Sujet: Coupures de presse


Les «antipubs» traînés en justice

Le procès des 62 militants antipublicité accusés d’avoir dégradé des affiches dans le métro va s’ouvrir mercredi 10 mars à Paris. Metrobus, la régie publicitaire de la RATP leur réclame près d’un million d’euros de dommages et intérêts pour avoir taggé un millier d’espaces publicitaires de slogans antipubs.



C’est sans doute suivis d’une centaine de manifestants que les 62 militants antipubs arriveront mercredi 10 mars devant le palais de Justice de Paris où ils doivent être jugés pour leurs actions contre les emplacements publicitaires du métro parisien. Que leur reproche-t-on? Soixante personnes sont accusées d’avoir barbouillé près d’un millier d’affiches avec des inscriptions telles que «laissez-vous rêver tranquilles», «ni pub, ni soumis» ou «sans la pub, je m’exprime». Deux autres militants sont poursuivis en tant qu’éditeurs d’un site web pour avoir appelé les usagers via Internet à dégrader les affiches du métro parisien.

La société Metrobus, la régie publicitaire de la RATP, leur demande la somme de 922 000 euros de dommages et intérêts, in solidum, c’est-à-dire qu’en cas de condamnation, cette somme pourrait être réclamée en totalité au militant le plus solvable. Estimant que ces barbouillages répétés ont nui à son image de marque auprès des usagers, la RATP réclame également que les prévenus soient passibles d’une amende de 10 000 euros en cas de nouvelle infraction. L’audience débutera mercredi 10 mars en début d’après-midi avec quatre témoins cités par la défense venu du milieu de la publicité pour faire de ce procès «le procès du rejet de la marchandisation du monde».


40 kilos de prospectus par an
Sont cités à comparaître l'ex-«fils de pub» Frédéric Beigbeder, dont le roman 99 francs est une charge féroce contre la publicité, Oliviero Toscani, photographe pendant 18 ans des campagnes publicitaires de Benetton mais aussi l'auteur du pamphlet La publicité est une charogne qui nous sourit et Yvan Gradis, pionnier du mouvement antipublicitaire en France. Ces dernières semaines, à la suite d’un appel sur Internet, une forte mobilisation s’est levée, des actions spontanées de recouvrement d’affiches ont rassemblé plusieurs centaines de personnes à Paris pour protester contre les poursuites judiciaires visant les antipubs.

Comme on peut le lire dans le «manifeste contre le système publicitaire» diffusé sur Internet, la publicité a représenté 200 milliards de francs en 2000, un million d’affiches, 40 kilos de prospectus par an et par boîtes aux lettres. Mettre fin à «l’omniprésence de la publicité» et à son «matraquage incessant», c’est le pari de ce mouvement antipub né spontanément en automne dernier, lors de manifestations d’intermittents du spectacle.

Certains élus locaux ont souhaité appuyer la démarche de ces militants. Pour la conseillère (Verts) de Paris Charlotte Nenner et le conseiller (PRG) Jean-Christophe Mikhaïloff, ce mouvement pose «des questions tout à fait légitimes», sur notamment «la monopolisation de l’espace public». Un sujet qui intéresse la Mairie de Paris, depuis la fin de l’année, un groupe de travail associant élus, services de l’Etat et afficheurs, planche sur une révision de la réglementation et sur la mise en place de nouvelles normes établissant des zones protégées de toute publicité. Autre objectif de la municipalité: lutter contre l’affichage sauvage. En effet, plus de la moitié des panneaux publicitaires à Paris sont illégaux. Pour sa part, la mairie de Marseille a annoncé, le 16 février dernier, son intention de réduire de 30% en deux ans le nombre des panneaux d’affichage dans la ville qui en compte plus de 5 000.

MYRIAM BERBER
09/03/2004





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