Lettre à Mme IDRAC - RATP
Date: 25 février 2004 à 08:04:43 CET
Sujet: Soutiens


Paris, le 20 février 2004


Madame Anne-Marie IDRAC
Présidente de la RATP
54, quai de la Râpée
75012 Paris


Madame la Présidente,

Avec Métrobus, vous avez décidé d'engager la RATP dans des poursuites contre 62 militants anti-publicité. Ces personnes, choisies de façon arbitraire parmi les centaines présentes, sont pour certains d'entre eux, chômeurs, étudiants ou intermittents... Et vous leur demandez presqu'un million d'euros. En dehors du caractère disproportionné de ce qui leur est exigé, je tiens à marquer ma désapprobation envers l'attitude de la RATP et de Métrobus.

La liberté d'expression est un droit démocratique qui m'est cher. Je pense que ces actions en justice musèlent un peu plus cette liberté d'expression et nient le débat citoyen. La répression de ce mouvement contestataire, mais non violent, et le recours aux forces de police sont des méthodes avec lesquelles je suis en profond désaccord. En effet, à l'opposé des actes de délinquance ordinaire de dégradation, ces actions spontanées visaient avant tout à lancer un débat sur la place de la publicité dans le métro.

Ce mouvement anti-pub - largement soutenu par le public et les usagers - pose en effet des questions tout à fait légitimes. Quelle place de la publicité dans le métro et dans les bus ? Quelle qualité du cadre de vie pour les usagers ? La RATP a trop souvent considéré l'affichage publicitaire comme une animation - alors que beaucoup d'usagers et de citoyens la considèrent comme une agression. Par la quantité impressionnante de mètre carrés que la publicité occupe dans les couloirs du métro, par les centaines de messages que chaque personne reçoit tous les jours, par le caractère volontairement agressif de certaines campagnes, une majorité de franciliens sature.

De plus, ce débat sur la place de la publicité dans notre société s'inscrit aussi pleinement dans le cadre des objectifs de développement durable - objectifs que la RATP se vante de poursuivre.

Plutôt que de choisir la répression comme seule forme de réaction, j'engage la RATP, entreprise de service public, à opter pour le dialogue et le débat avec les usagers. C'est pourquoi je vous demande de retirer votre plainte et de vous engager dans une politique concertée de réduction de la publicité dans le métro.

Je vous prie de croire, Madame, en l'expression de mes sincères salutations.



Charlotte NENNER
Conseillère de Paris
Administratrice de la RATP






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